Micheline Calmy-Rey évoque son père syndicaliste

Cette interview a paru dans L’Evénement syndical trois jours avant la création du syndicat Unia. Micheline Calmy-Rey y évoque la figure de son père et s’est exprimée sur  la libre circulation des personnes.

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La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey lors de l’interview qui a eu lieu au Palais fédéral en octobre 2004. Photo Thierry Porchet

 

Votre père Charles Rey a été un militant actif au sein du syndicat des cheminots. Qu’avez-vous retenu de son engagement ?
Mon père a été membre fondateur de la section du parti socialiste de St-Maurice (Valais) et il a effectivement présidé la section des contrôleurs de trains du dépôt CFF de St-Maurice. Je retiens la sincérité dont il a fait preuve à travers ses engagements de militant. J’ai aussi retenu son attachement au service public et la nécessité de devoir s’unir pour faire valoir les droits auxquels nous croyons.

Le 16 octobre aura lieu la fondation du syndicat Unia, quel regard portez-vous sur cet événement ?
Ce nouvel Unia est un grand espoir. Un syndicat interprofessionnel permet de donner une vue générale des problèmes du monde du travail. Cela devrait permettre plus d’efficacité dans le travail des syndicats.

Qu’est-ce que ça vous fait de savoir que, par exemple, dans la vente et l’hôtellerie-restauration il y a des personnes qui gagnent moins de 3000 francs par mois ?
Je suis tout à fait consciente qu’il n’est pas possible de vivre décemment avec des salaires aussi bas. C’est certain que cela sera un des grands défis d’Unia de négocier de bonnes conventions collectives de travail dans le tertiaire et de veiller à leur application.

N’est-ce pas un constat d’échec pour vous d’apprendre que depuis l’entrée en vigueur le 1er juin de la libre circulation des personnes, il existe une pression sur les salaires ?
Il existe des mesures d’accompagnement pour l’accord sur la libre circulation des personnes. Leur but est que le salaire de l’ouvrier ressortissant d’un pays de l’Union européenne s’aligne sur celui de l’ouvrier suisse et non le contraire. Pour cela, il faut bien sûr que les commissions tripartites cantonales fonctionnent.

De nombreux syndicalistes voient dans l’extension de l’accord sur la libre circulation des personnes aux dix nouveaux Etats membres de l’Union européenne un risque accru de dumping. Ils jugent ces mesures d’accompagnement inefficaces. Que leur répondez-vous ?
Le Conseil fédéral prend très au sérieux ces inquiétudes. C’est la raison pour laquelle, dans son projet de loi sur les mesures d’accompagnement, le Conseil fédéral propose de les renforcer. Il fait des propositions dans ce sens, comme par exemple la possibilité d’étendre plus facilement le champ d’application d’une convention collective de travail. De même, le projet de loi prévoit l’engagement d’un nombre suffisant d’inspecteurs dont les salaires seront financés à hauteur de 30% par la Confédération.

Extrait de l’interview de la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, parue dans L’Evénement syndical, octobre 2004.